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De la Résistance à la Délivrance sur les « sentiers de la Liberté » PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 06 Juillet 2011 07:36

 

De la Résistance à la Délivrance :

sur les « sentiers de la Liberté »


Parmi les sept parcours pédestres tracés depuis 2008 par l’association VAL, au fil des sentiers traditionnels et historiques du massif du Remspach, figure une seule randonnée d’une journée : le circuit des « Sentiers de la Liberté » qui permet de découvrir quelques aspects remarquables du patrimoine de Mémoire du Haut-Florival, entre 1940 et 1945. Ce 13 juin, lundi de Pentecôte, le parcours a été officiellement intronisé dans son intégralité, sous la pluie, entre l’église de Linthal, le col du Lauchen, les crêtes du Breitfirst, le Treh et le Markstein, avec retour par le lac de la Lauch et Dauvillers.
Dans sa partie ascendante, le tracé suit le périple des filières d’évasion qui ont permis à des dizaines de jeunes gens de se soustraire à l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne nazie et d’échapper aux affres de l’incorporation de force. Les randonneurs peuvent se familiariser avec différents sites significatifs : les hêtres du « Kirchweg » gravés par les écoliers du Remspach et ornés du drapeau français (hélas abattus en 2005 mais immortalisés par la photographie), la chapelle du Niederremspach qui fut un haut lieu de dévotion et de consolation pour les familles de montagnards dans la tourmente, la « base scoute » du Remspach, les fermes des « passeurs », puis le « chemin des Américains » qui allait conduire les fugitifs vers la haute-vallée de la Thur et le versant lorrain des Vosges.
De nombreux témoignages d’acteurs de cette Histoire méconnue, hélas souvent disparus, ont permis d’illustrer le cheminement des résistants, qu’il s’agisse de Georges FRECH et d’André GALLIATH, scouts réfractaires, de Roger BREAUR, évadé du STO, de René HOFFMANN, insoumis mulhousien, d’Alfred HEUBERGER, déserteur autrichien de la Wehrmacht ou d’Ivan SHEVTCHENKO, prisonnier russe évadé (seul survivant), tous pris en charge, parmi d’autres, par la filière des passeurs du Remspach. La randonnée a aussi permis de rendre hommage aux familles qui ont risqué leur vie pour préserver d’autres vies et pour défendre les valeurs d’une Alsace libérée dans une France démocratique : les DEBENATH, DENINGER, FISCHER, GERRER, HALLER, KLEIN, KREMP, MARCK, MARTIN, RIEBERT, RIETHMULLER, SCHAFFHAUSER… qui ont hébergé, nourri, vêtu, guidé, secouru tous ces jeunes hommes debout qui refusaient l’inadmissible, héros ordinaires et anonymes de la résistance à l’annexion et maillons forts d’une vaste chaîne de l’espoir. Sur les crêtes, le monument du 28e RIF rappelle le sacrifice des hommes du colonel ROMAN, encerclés par l’assaillant, qui brûlèrent leur drapeau en ces lieux, le 21 juin 1940.
Les « Sentiers de la Liberté » permettent aussi de faire un retour historique sur le premier conflit mondial, cette Grande Guerre dont le front a traversé le village de Linthal et qui a tant endeuillé la vallée. Plusieurs sites, éparpillés au fil du circuit, témoignent de l’omniprésence des troupes et des combats : les tranchées des lignes avancées allemandes, l’oratoire disparu et l’observatoire de la Kuppelstatt, les camps français du Klintzkopf, le « chemin des Américains » avec le souvenir du cimetière franco-américain et de l’ambulance alpine de l’Oberlauchen, les stèles des cimetières du Breitfirst et du Niederlauchen, la mémoire du capitaine Dauvillers, le monument dédié au légendaire héros Gaston Brun disparu le 5 octobre 1914 ou encore le souvenir du dramatique incendie de Sengern et Linthal, le 25 octobre 1914, par le LIR 123 du Wurtemberg (désastre représenté sur les bas-reliefs du Monument aux morts de Sengern).

Dans sa partie descendante, le tracé, d’une longueur totale de 26 km, contourne le Trehkopf pour suivre les pas des valeureux maquisards du Corps Franc Pommiès, libérateurs de Linthal et de Sengern, le 5 février 1945. En cette rude journée d’hiver, par deux mètres de neige, sous la menace des mines dissimulées sous le manteau blanc qui avait recouvert les sommets vosgiens de son linceul, les vaillants pyrénéens ont suivi le cours de la Lauch pour rejoindre la haute-vallée du Florival en provenance de Kruth. Au fil du parcours, les animateurs de VAL et de l’association « Amitié Florival-Magnoac » ont lu des extraits de témoignages très émouvants livrés par ces hommes de courage et de conviction qui avaient traversé toute la France, depuis leurs territoires en résistance du Sud-Ouest, pour délivrer le pays et poursuivre l’ennemi jusqu’à Stuttgart. Les acteurs de la libération du Haut-Florival nous parlent de leur progression dans l’eau glacée du cours de la Lauch afin d’éviter les mines, de leurs pieds gelés au terme du périple, de ces corps piégés par l’occupant en déroute, de leur rencontre avec le forestier du Niederlauchen, de leur arrivée à Linthal et à Sengern célébrée au kirsch et au schnaps de poire, des jeunes villageoises accourues en costume alsacien, des granges aux échelles rendues interminables par l’euphorie des libations, de l’allégresse des populations enfin libérées du joug de l’idéologie nazie.
Ces témoins ont pour nom Roger BOUILLON, Marcel ESTEBAN, Gabriel FOUETILLOU, Jacques HEULOT, Henri QUEREILHAC, André RAMIERE, Albert STURNI, Fernand UNVOIS ou André Roland VILLENEUVE : certains ont hélas déjà quitté les étroits sentiers terrestres, d’autres nous réservent encore le bonheur de nous faire partager leur vécu et leur amitié, ici au cœur du Haut-Florival ou là-bas, dans les généreuses terres du Magnoac, berceau historique du CFP. Un hommage particulier a d’ailleurs été rendu, sur le pont de la Lauch, à notre ami André RAMIERE, correspondant « vétéran » des écoliers du Haut-Florival, membre de VAL et membre fondateur de l’association « Amitié Florival-Magnoac ». Notre cher « Bouboule », comme il se plaisait à se surnommer, si apprécié pour sa bonne humeur et pour sa gentillesse, a en effet rejoint les chemins de l’éternité le 14 mai dernier. Mais il restera toujours des nôtres, marchant à nos côtés vers les horizons de l’espérance.
Après les adultes, ce fut le tour, le 24 juin, des jeunes scolaires de la vallée de randonner allègrement à la rencontre de leur Histoire et de fouler les sentiers parfois séculaires (le « Kirchweg » est déjà mentionné en 1671, au lendemain de la Guerre de Trente Ans) de la Mémoire. A eux incombera un jour la mission de reprendre le flambeau transmis par les « anciens ». A eux s’impose dès à présent le devoir de saisir avec conviction le témoin du relais des générations afin de faire vivre, grandir et fructifier les valeurs de paix, de liberté et de fraternité qui resteront toujours le levain de toute humanité.

Résistance 1


Les écoliers du Haut-Florival sur les « Sentiers de la Liberté » :

randonnée sur les traces des résistants, passeurs et libérateurs

 Résistance 2

 

 

 

Résistance 3

 

 

 


 



Mise à jour le Mercredi, 06 Juillet 2011 07:55